12 novembre 2012
Open Access , http://purl.org/eprint/accessRights/OpenAccess
Myriam Joël, « La sexualité en prison de femmes », Theses.fr, ID : 10670/1.6al5no
La question de la sexualité en prison de femmes constitue en France un vide sociologique. Elle n’a été jusqu’à présent abordée qu’en creux de l’intérêt porté à la sexualité dans les détentions masculines. L’étude se fonde sur une enquête qualitative menée dans sept établissements pénitentiaires, où ont été réalisés des entretiens avec plus de cent cinquante acteurs carcéraux, détenues comme professionnels et bénévoles. Ce travail de terrain a permis de mettre en évidence quatre formes sous lesquelles se donne à voir la sexualité en prison de femmes. Chacune se caractérise par la mise en œuvre de processus spécifiques, qui traduisent la prégnance respective des dimensions spatiale, temporelle, individuelle, collective, relationnelle et institutionnelle dans les situations à caractère sexuel auxquelles elle renvoie. La sexualité clandestine implique des processus de transgression, les acteurs étant contraints de vivre leurs pratiques sexuelles dans les interstices de l’arsenal coercitif déployé pour les endiguer. Particulièrement discrète elle aussi, la sexualité invisible met cette fois en jeu des processus d’invisibilisation, qui se perçoivent au travers de l’effort conjoint des acteurs de confiner l’activité sexuelle dans la sphère privée. La sexualité ostensible en revanche se donne à voir ouvertement au moyen de processus d’affichage, les comportements délibérés étant néanmoins régulés par certaines règles informelles. S’observe enfin une forme rationalisée de sexualité, caractérisée par la dilution de la dimension sexuelle de certaines situations dans des processus abstraits visant à la rationaliser.