17 juin 2021
OpenEdition, « L'enfance de l'art et ses ennemis », Calenda, le calendrier des lettres, des sciences humaines et sociales, ID : 10670/1.6d5my6
Hérité du romantisme et de sa quête de l’œil innocent, le mythe de l’enfance de l’art n’a cessé d’être relayé et reformulé par les avant-gardes, comme en témoignent à la fois les formes et les productions théoriques, les collections et les expositions consacrées au dessin d’enfant par les artistes. Il a sous-tendu les pédagogies nouvelles qui intronisèrent l’expression d’« art enfantin ». Il a fini par s’imposer comme une évidence pour nous autres contemporains, au point de ne plus guère soulever d’objections quant au pouvoir créateur de l’enfance et à sa valeur de modèle pour l’artiste. On en oublierait qu’il fut aussi la source de discussions et de contestations, souvent nées dans ces mêmes avant-gardes. Le mythe a produit ses dissidences ou ses inversions par des représentations alternatives de l’enfance créatrice ou par des parodies blasphématoires du culte de l’enfance. L’enfance de l’art suscita la rivalité entre ceux, nombreux, qui prétendaient en détenir la vérité : ennemis schismatiques à distinguer de tous ceux qui en rejetaient purement et simplement la croyance.