Un gran porvenir en el pasado. Narrativa y bicentenario : la celebración imposible

Résumé Fr

« Grand avenir dans le passé. La fiction et le bicentenaire : l'impossible célébration ». La communication étudie deux romans : La novela luminosa (2005) de l'Uruguayen Mario Levrero, et Raises invisibles (2008) du Portoricain Eduardo Lalo. Outre leur publication dans des années rapprochées, ces œuvres ont en commun une ambiguïté vis-à-vis du genre littéraire, un usage complexe de la voix narrative et plus encore des représentations du présent qui soumettent à l'examen les projets historiques et politiques des XIXe et XXe siècles pour en rejeter les résultats. Dans ces deux textes, les idées de nation, d'État et d'indépendance perdent leur sens : ce grand avenir, promis en 1810 et répété lors du centenaire, est resté au passé. Dans le livre de Lalo, l'appartenance à un pays dont le statut politique est incertain, démuni qu'il est de toute autonomie et sans geste nationale qu'il puisse célébrer, aboutit à construire une nation « invisible ». Les deux récits portent un regard semblable sur des pays devenus invisibles, tout roman « lumineux » serait impossible. Il n'y a rien dont on puisse se souvenir pour célébrer ; la nation est devenue un fantôme, elle se dilue à travers un présent de décadence.