2019
Cairn
Yves-Marie Allioux, « Laissez les morts ensevelir les morts », Études sur la mort, ID : 10670/1.6e3xor
Dans son article « Changements post mortem, contrôle étatique et transmission de l’impossible en psychanalyse », le professeur Shingû cite un célèbre poème zen : « Vivant devenir mort et une fois devenu mort librement accompli tout acte sera bon ». N’est-ce pas justement la position d’Antigone telle que Lacan l’analyse dans un de ses séminaires ? À l’opposé, le Christ dit à ses disciples : « Laissez les morts ensevelir leurs morts ! » Cette parole, où l’on voit d’habitude une néantisation de la mort et du deuil à la lumière de l’espérance d’une vie éternelle, semble condamner non seulement Antigone, mais aussi la plupart des sagesses antiques ou non chrétiennes. Cependant, cette injonction ne pourrait-elle pas nous encourager à admettre et accueillir au plus profond de nous, plutôt que dans d’étatiques cimetières, la présence encombrante de nos morts ?