Killing pests to protect crops : a sociohistorical inquiry into pesticides administration in France Tuer les pestes pour protéger les cultures : sociohistoire de l’administration des pesticides en France En Fr

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7 mai 2021

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Fanny Pellissier, « Tuer les pestes pour protéger les cultures : sociohistoire de l’administration des pesticides en France », Archive Ouverte d'INRAE, ID : 10670/1.6ld8bq


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Résumé En Fr

“Pesticides" are used to kill living organisms - "pests" - to protect others - crops. They are intended to both kill and protect. From this paradox arises a tension between the toxicity of these products and their usefulness, a tension managed by the State that authorizes them. As such, they are "technoproducts", both a source of progress and a cause of damage. This observation is the starting point for this work: why and how does the State authorize "pesticides"? Scholars have shown that instruments and power infrastructures ensure the existence of “pesticides” despite the ever-repeated criticism of their impacts. However, this work tends to give the impression that those in power are omnipotent, without often being very precise about who they are and what they do. Conversely, some studies show the diversity of practices in the use of “pesticides” or their criticism, often without a clear link to the government of technoproducts being established.In order to overcome the dichotomy between permanent power arrangements and unstable social dynamics, I suggest to look at the heart of the management of the "pesticide" paradox, by taking a long-term approach and looking at the administration’s organization and the tools it used to solve issues. To carry out this analysis, I used the sociology of public action, but abandon the focus on public problems in order to concentrate the analysis on the problems of public action; in other terms, I put a strong emphasis on public action without assuming the publicity of the problems it deals with. I also used the tools of sociohistory and of the genealogical approach to question the contemporary modalities of the government of "pesticides" with regard to its past developments. As a result, the field investigation doesn’t follow the periodization usually used by historical research. It covers from about twenty years to more than two centuries. In order to track the trajectory of public action problems, we referred to the texts of French and European law in an original way - as well as semi-directive interviews and a corpus of documents. This approach over a long period of time is not as accurate as a historical narrative. However, it is necessary to re-examine the tension between continuity and change in the government of "pesticides".I have drawn three main conclusions. First, the government of "pesticides" damages has a much longer time span than the second half of the twentieth century alone. It precedes the establishment of a governed by quality market supervised by the State in the first half of the twentieth century. It is part of a framework that goes far beyond that of "pesticides": the controlled use - that is based on the non-banning of dangerous substances in the name of their necessity - and on the supervision of their use. Secondly, I highlighted the importance of the processes of fragmentation and reassembly: if fragmentation is the privileged instrument of controlled use in that it makes problems divisible and governable, reassembly punctually defeats controlled use. Third, I showed that changes in the governance of "pesticides" are not solely the result of the integration of criticism, but are the result of new alignments between knowledge and interests

Des produits - appelés « pesticides » - sont utilisés pour tuer des organismes vivants - les « pestes » - pour en protéger d’autres - les plantes cultivées. Ils sont donc destinés à la fois à tuer et à protéger. Il découle de ce paradoxe une tension entre la toxicité de ces produits et leur utilité, tension gérée par l’État qui les autorise. Ils sont à ce titre des « technoproduits », à la fois source de progrès et cause de dégâts. Ce constat constitue le point de départ de ce travail : pourquoi et comment l’État autorise-t-il des pesticides ? Les travaux sur le gouvernement des technoproduits et de leurs dégâts ont montré le rôle des instruments d’action publique et des infrastructures de pouvoir pour assurer la continuité de leur existence malgré la critique toujours renouvelée de leurs impacts. Cependant, ces travaux tendent à donner une impression de toute puissance des gouvernants, sans que l’on ne sache souvent très précisément qui ils sont et ce qu’ils font. À l’inverse, des travaux montrent la diversité des pratiques d’utilisation de ces produits, ou de leur critique, souvent sans que le lien avec le gouvernement des technoproduits ne puisse être clairement établi.Pour dépasser la dichotomie entre permanence des arrangements de pouvoirs et instabilité des dynamiques sociales, nous proposons de placer le regard au cœur de la gestion du paradoxe des pesticides, en nous intéressant sur le temps long à la façon dont l’administration s’organise et s’équipe pour gouverner les problèmes. Pour effectuer cette analyse, nous avons mobilisé la sociologie de l’action publique, en nous décentrant cependant des approches par les problèmes publics pour recentrer l’analyse sur les problèmes d’action publique : il s’agit de s’intéresser à l’action publique sans préjuger de la publicité des problèmes qu’elle traite. Nous avons également utilisé les outils de la sociohistoire et l’approche généalogique pour interroger les modalités contemporaines du gouvernement des pesticides au regard de ses développements passés. En conséquence, l’enquête de terrain s’affranchit de la périodisation habituellement utilisée par les recherches historiennes. Elle couvre une période allant d’une vingtaine d’année à plus de deux siècles selon le problème historicisé. Pour retracer la trajectoire des problèmes d’action publique, nous avons mobilisé de manière originale les textes de droit français et européen, ainsi que des entretiens semi-directifs et un corpus documentaire. Cette approche par le temps long n’a pas la finesse du récit historique. Elle est cependant nécessaire pour réinterroger la tension entre continuité et changement dans le gouvernement des pesticides.La thèse établit trois grands résultats. Premièrement, le gouvernement des dégâts des pesticides s’inscrit dans une temporalité beaucoup plus longue que la seule deuxième moitié du XXe siècle. Il précède la mise en place d’un marché gouverné par la qualité et encadré par l’État dans la première moitié du XXe siècle. Il s’inscrit dans un cadre qui dépasse largement celui des pesticides : celui de l’usage contrôlé, qui repose sur la non interdiction de substances ou d’objets dangereux au nom de leur nécessité, et sur l’encadrement de leur usage. Deuxièmement, la thèse met en évidence l’importance des processus de fragmentation et de réassemblage : si la fragmentation est l’instrument privilégié de l’usage contrôlé en ce qu’il rend les problèmes divisibles et gouvernables, le réassemblage met ponctuellement en échec l’usage contrôlé. Troisièmement, la thèse montre que les changements dans le gouvernement des pesticides ne relèvent pas de la seule intégration de la critique mais qu’ils procèdent par des alignements nouveaux entre connaissances et intérêts

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