3 septembre 2019
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Valentin Martin, « Entre émerveillement et appréhension : (Dès) Union européenne face aux Nouvelles Routes de la Soie », Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance, ID : 10670/1.6maisp
Que cache le gouvernement chinois derrière ces termes des « Nouvelles Routes de la Soie », et quelles en seraient les conséquences d’un tel projet pour les acteurs européens ? Reprenant à son compte l’histoire de ces routes mythiques qui ont façonné le commerce eurasiatique, le Président chinois Xi Jinping fait aujourd’hui de ce projet économique et géostratégique d’envergure un des axes prioritaires de sa politique étrangère. Destiné prioritairement au financement d’infrastructures modernes et titanesques et au développement de moyens de transport ferroviaires, routiers et maritimes, ce programme, baptisé « Belt and Road Initiative », tourne autour d’une seule et même thématique, selon les propres dires de Monsieur Xi Jinping, à savoir la connectivité : 65 – 4,4 – 63. Relier 65 pays, 4,4 milliards d’individus, soit 63% de la population mondiale. Financements publics alimentés par les fonds propres du gouvernement chinois, accès facilités à des prêts bancaires avantageux, affirmation du principe de non-ingérence dans les affaires internes des États, … Le libéralisme économique à la chinoise attire de plus en plus de pays qui voient dans ce partenariat avec la Chine le moyen de se défaire d’une gouvernance internationale actuelle dont ils n’en sont pas les acteurs maîtres. Pour autant, le développement d’un commerce « eurasiatique » ne peut se faire, à l’évidence, sans l’aval et la coopération de l’Union Européenne, véritable terminal du projet des Nouvelles Routes de la Soie sur le continent eurasiatique. Alors même que l’Union Européenne se trouve actuellement affaiblie par les montées des nationalismes en Europe, par l’affirmation d’un mouvement anti-européen de plus en plus conséquent, par un service extérieur dont la diplomatie n’a de « commune » que le nom, elle doit également faire face à l’immixtion de ce projet sur son sol, qui se heurte parfois à certains droits fondamentaux européens que sont le libéralisme économique, le droit de protection des travailleurs, le contrôle des subventions publiques ou encore le principe du droit d’accès à la libre concurrence. Dans un Monde « post-mondialisé » comme le décrit Xavier Ragot, l’UE est aujourd’hui face à un choix crucial et déterminant pour sa survie : s’unir à 27 et répondre fermement à la proposition chinoise, ou se diviser et laisser libre cours à chaque État de déterminer une politique à suivre – au risque de durablement compromettre les relations intra-européennes –. La solution des petits pas envisagée par l’UE répond aujourd’hui de façon pragmatique à ce défi chinois, véritable opportunité de développement interconnecté en Eurasie.