2011
Cairn
Alexandre Soucaille, « Le viol et la question du féminin », Cahiers d'anthropologie sociale, ID : 10670/1.6mxfvk
Le viol est une violence extrême qui n’est tributaire d’aucun événement particulier, il est événement lui-même ou événement dans d’autres événements. En cela, il est désastre, un désastre souvent très personnel, sans nécessité d’inclusion dans l’histoire, accident brutal qui, parce qu’il s’adresse au féminin, parce qu’il contraint par sa possibilité les attitudes et les mots des femmes, ne peut jamais être considéré comme tel. Le lien du viol au féminin est là : le viol agit déjà comme possible, et quand il advient, on sait qu’il opère une rupture radicale dans la vie sociale. Il y a en effet dans la violence du viol une part éminemment sociale, violence de sa perception sociale renvoyant au statut de la femme, violence de sa catégorisation juridique qui cartographie les attitudes, délimite les responsabilités. À quelles conditions cette violence et cette douleur sociale du viol en lien avec le féminin peuvent-elles être amenuisées ?