2008
Cairn
Catherine Bertho-Lavenir, « La Gloire, le mot et la chose », Sociétés & Représentations, ID : 10670/1.73odcf
Considérés dans la longue durée, les représentations que recouvre le mot « gloire » ainsi que les usages du mot, témoignent d’une évolution sensible. Dans la bible hébraïque, la gloire désigne à la fois la puissance divine et ses manifestations tangibles sur la terre. La christianisation du monde occidental va habituer pour vingt siècles les fidèles à un usage quasi quotidien du mot à travers la liturgie. Mais la gloire est aussi celle du prince. Au XVIIe siècle, la gloire du prince, qui s’allie à celle du soldat vainqueur, devient un concept politique central. En architecture et dans les arts, le mot désigne désormais les formes techniques et esthétiques par lesquelles la gloire est signifiée. À l’âge démocratique, les registres d’usage du mot évoluent. La gloire militaire est désormais l’attribut du simple soldat tandis que caricatures et parodies dénoncent les gloires usurpées des puissants. Les multiples usages du mot dans le registre sportif ou dans celui de la gloire médiatique témoignent de la dévaluation du vocable, que concurrence désormais « célébrité ».