18 septembre 2008
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André Gunthert, « “Sans retouche” », Études photographiques, ID : 10670/1.757rsl
Pendant plus de 150 ans, les théoriciens de la photographie ont perçu la retouche comme la négation de la nature de l'enregistrement visuel. En proposant la première ébauche de l'histoire de cette notion, du daguerréotype à Photoshop, cette contribution dévoile un travail souterrain qui confère à un usage technique la valeur morale d'un tabou. Loin de la réalité des pratiques, la mythologie de la retouche apparaît comme l'un des piliers de l'élaboration théorique du médium, l'arbitre du bon goût et de la vertu photographique, mais aussi un filtre au crible duquel est réinterprétée son histoire. En restituant les diverses phases de cette construction, cet article en souligne également les contradictions et les apories. Depuis la vulgarisation des logiciels de traitement d'image, n'importe quel amateur peut aujourd'hui se confronter à l'expérience, non de la disparition du photographique, mais de la manipulation de sa substance même. L'infinie variété des techniques de post-traitement, qui rapproche désormais la photographie du cinéma, met aujourd'hui un terme à la mythologie de la retouche comme mesure du photographique.