2014
Cairn
Janine Altounian, « L'intraduisible entre les échos chaleureux et meurtriers d'une même langue », Cliniques méditerranéennes, ID : 10670/1.778gct
Un voyage au pays meurtrier de ses parents rescapés du génocide arménien de 1915 amène l’auteur à expliquer comment le défi de traduire l’intraduisible a motivé son travail dans les deux champs de son activité de traductrice 1 – de Freud, 2 – de ce qui du silence des survivants aux meurtres de masse se transmet à leurs enfants. Pour recueillir et transmettre ce qui reste d’une culture détruite, il faut donc le traduire, tenter de traduire l’intraduisible. La pulsion à traduire naît d’une nécessité à défier paradoxalement l’impossibilité d’une traduction : soit celle à traduire un plaisir – pris à la langue étrangère ignorée de son lecteur ou procuré par l’amour secret des ascendants vécu naguère dans le mutisme –, soit celle à traduire une perte ou une douleur – la perte de la polysémie des mots lors du passage d’une langue-source à la langue-cible, ou la douleur partagée inconsciemment dans l’enfance avec ceux qui ont survécu à la perte de leur pays et de la foi en la vie.