2011
Cairn
Alain Bourdin, « La ville se dit par évaluations », Cahiers internationaux de sociologie, ID : 10670/1.77vj6j
On a toujours comparé la réalité matérielle des villes ou les expériences qu’elles procuraient. Désormais, la comparaison se fait de manière abstraite en utilisant les critères et les indicateurs de l’évaluation. La ville constitue de moins en moins une réalité sociale économique et spatiale spécifique et appréhendable. Elle existe toujours plus à travers l’action que l’on exerce sur elle et se trouve de ce fait touchée par les incertitudes et les débats qui portent sur la légitimité, l’effectivité et les modalités de l’action publique et alimentent la demande et les savoirs de l’évaluation. Le fort développement de la concurrence entre villes conduit à élaborer des instruments de mesure (classements, etc.) de leurs capacités concurrentielles. Cet appareillage de l’évaluation qui découpe et abstrait peut sembler destructeur de la réalité urbaine et de son unité. Mais il permet également de reconstruire, de façon partielle et qui justifie la discussion, un objet urbain qui de toute façon n’existe plus. Pour la sociologie urbaine, le débat théorique et méthodologique sur les modalités et les contenus de l’évaluation revêt un caractère central et s’inscrit dans une sociologie de l’action urbaine qu’il faut promouvoir.