Les collectivités locales et l’école avant la décentralisation : construire et équiper les établissements scolaires (1886-1986)

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Cet article présente le rôle des collectivités locales dans le domaine des constructions et de l’équipement des établissements scolaires, et de l’utilisation de ces locaux, durant les 150 années qui précèdent la mise en œuvre de la décentralisation éducative (1986). Celle-ci confie la responsabilité de la construction, de l’équipement et du fonctionnement matériel des collèges et des lycées aux conseils généraux et régionaux, tout en affirmant les compétences éducatives traditionnelles des communes. En 1833, la loi Guizot leur impose pour la première fois l’obligation d’entretenir une école élémentaire pour les garçons, tandis que la loi Goblet (1886) précise la répartition des financements entre l’État, les départements et les communes. Cette étude historique des rapports entre l’État et les pouvoirs locaux montre que la décentralisation est une rupture à nuancer, au moins pour trois raisons. Tout d’abord, elle n’est pas uniquement la conséquence d’un projet délibéré. Par ailleurs, des transformations scolaires plus globales (politiques modifiant l’architecture du système éducatif, massification scolaire, finalités de l’enseignement) redéfinissent dès les années 1950 et à l’apogée de la centralisation éducative, les stratégies des acteurs étatiques et locaux. Enfin, l’État et les collectivités locales ne sont pas des ensembles monolithiques et leurs relations ne se résument pas à un affrontement bloc contre bloc. Le transfert de compétences éducatives aux pouvoirs locaux apparaît ainsi comme un processus heurté et une fabrique complexe.

This paper focuses on the role of local administrations in building and outfitting schools, and on the use of these venues, during the 150 years prior to the law decentralising school administrations in 1986. The latter handed responsibility for the building, outfitting and maintenance of middle schools and high schools to the regional and general councils, while reaffirming traditional local administrative competencies in terms of education. In 1833, the Guizot law had made it an obligation for communal municipalities each to maintain an elementary school for boys, and the Goblet law of 1886 further distributed financial responsibility between the State, the département level, and the municipal level of the commune. This historical study shows that the idea of a rupture brought about by the 1986 decentralisation law needs to be nuanced, for at least three reasons. First of all, it is not the outcome of a deliberate project. Moreover, more global transformations in schooling (policies regarding the structure of centralised education, massification of school attendance, objectives given to public instruction) had redefined as soon as the 1950s and the high point of educational centralisation the strategies of the different state and local agents. Finally, the State and the different local administrations are mot monolithic institutions and their relationship is not that of the confrontation two distinct blocks. The transfer of educational responsibilities to local instances thus turns out to be a chaotic process and a complex project.

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