2018
Cairn
Philippe Casadebaig, « Puis-je douter de mon corps ? », Revue de métaphysique et de morale, ID : 10670/1.7fpul6
Tout au long de l’exercice intellectuel du doute volontaire proposé par Descartes, les mêmes choses sensibles dont l’existence est mise en question n’en continuent pas moins de m’apparaître présentes telles qu’à l’habitude, et ceci premièrement grâce à mon propre corps, lequel, en tant que foyer de ma sensibilité vive, doit être distingué des corps extérieurs et seulement matériels. C’est pourquoi Jean-Luc Marion a pu, dans un livre récent, soutenir que le doute de Descartes n’est pas capable, ni en fait ni en droit, d’atteindre mon propre corps, autrement dit ma « chair », pour user d’un vocable commun à l’Évangile et à la phénoménologie de Husserl. Dans le présent article on souhaite, en réponse aux objections contre la mise en doute du corps propre, proposer une interprétation des raisons du doute cartésien susceptible d’expliquer en quel sens mon corps propre aussi doit être sujet à ce doute et l’est en effet.