26 février 2021
Christian Ruby, « Fraisse (Geneviève) », Publictionnaire. Dictionnaire encyclopédique et critique des publics, ID : 10670/1.7h7xre
Espace public et féminisme Historienne et philosophe de la pensée féministe, femme qui non sans mal a conquis sa place dans le solide bastion masculin de la philosophie, Geneviève Fraisse, née en 1948, directrice de recherche émérite au CNRS, consacre la plus grande partie de son travail aux fondements philosophiques du discours féministe, ainsi qu’à l’articulation des rationalités ouvrières, minoritaires et féministes, catégorie jugées opératoires pour penser l’espace public. À l’encontre des histoires linéaires et téléologiques de l’espace public, telles qu’on en rencontre depuis les travaux de Jürgen Habermas, lequel est conçu comme conquête progressive vers une instauration définitive, elle s’est longtemps focalisée sur la constance et la contiguïté des révoltes constitutives de l’espace public dans l’histoire moderne (travailleurs, « races », femmes). À partir de 1973, aux côtés des philosophes Jacques Rancière et Jean Borreil (1938-1992), elle cherche à mettre au jour des moments d’histoire remarquables en ce qu’ils réorientent constamment cette histoire. Ce n’est pas pour rien que les trois philosophes empruntent à Arthur Rimbaud (1854-1891) la notion de « révoltes logiques », pour le titre éponyme de la revue qu’ils fondent en commun en 1975, suggérant ainsi qu’il faut se détacher de la prégnance théorique de la pensée de Louis Althusser...