Isocrate a Éleusis. À propos d’une inscription mentionnée dans les Vies des dix orateurs

Résumé Fr En

D’après la Vie d’Isocrate contenue dans les Vies des dix orateurs attribuées à Plutarque, Timothée, fils de Conon, dédia à Éleusis une statue d’Isocrate, sur la base de laquelle on lisait ces mots : Τιµόθεος φιλίας τε χάριν ξενίην τε προτιµῶν | Ἰσοκράτους εἰκὼ τήνδ’ ἀνέθηκε θεαῖς. Tel est le texte qu’on lit sur tous les manuscrits de la tradition planudéenne. Or, dans toutes les éditions et traductions récentes des Vies, la leçon ξενίην est corrigée en ξύνεσιν. Cette correction remonte à Saumaise, qui se fondait sur le texte de l’inscription fourni par Photius. L’article essaie de montrer qu’une telle correction est inutile, notamment en proposant de voir dans le dédicant un autre Timothée, tyran d’Héraclée du Pont.

The pseudo-Plutarchean Lives of the ten orators mention a statue of Isocrates erected in Eleusis by Timotheus, son of Conon, on the basis of which an inscription reads: Τιµόθεος φιλίας τε χάριν ξενίην τε προτιµῶν | Ἰσοκράτους εἰκὼ τήνδ’ ἀνέθηκε θεαῖς. Such is the text transmitted by all the manuscripts of the planudean tradition. Nevertheless, in all recent editions or translations of the Lives, the reading ξενίην is corrected into ξύνεσιν. This emendation goes back to Salmasius, who based himself on the inscription text transmitted by Photius. This paper argues that the emendation is unnecessary and that the dedicant should be identified with a different Timotheus, the tyrant of Heraclea Pontica.