2021
Cairn
Marion Guillou et al., « Compétitivité externe décroissante et vulnérabilités : un besoin d’actions publiques résolues pour l’agroalimentaire », Annales des Mines - Réalités industrielles, ID : 10670/1.7xj345
Que s’est-il passé depuis mai 2020 en matière de compétitivité du secteur agroalimentaire français [1] ? Les fondamentaux agronomiques ou économiques n’ont guère changé. La balance commerciale de la France dans ce secteur est toujours globalement excédentaire. Mais sa lente dégradation se poursuit. Le décrochage des parts de marché de la France par rapport à ses principaux concurrents européens est manifeste. Les différents auteurs de cet article attribuent ce décrochage à un manque de « compétitivité » – qu’il s’agisse du coût du travail dans ce secteur, de la faiblesse de ses gains de productivité, de la compétitivité hors-prix ou de causes plus structurelles. Tous les acteurs ne s’accordent pas pour autant sur l’urgence à agir et les remèdes à employer. L’élément nouveau, depuis 2020, est que la « souveraineté alimentaire » est revenue dans les débats. « Déléguer notre alimentation est une folie », disait le Président de la République [2] au début de la crise liée à la Covid-19, alors que les supermarchés peinaient à fournir au rythme souhaité farine, lait ou œufs à des Français redécouvrant le plaisir de pratiquer la pâtisserie à domicile. Dès lors, la résilience de ce secteur devient une préoccupation, un fondement de l’action publique, et certains de ses intrants rejoignent la liste des « biens sensibles » [3].