27 septembre 2018
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Assane Igodoe Aissata, « Les enseignantes du primaire au Niger : agents de promotion de la scolarisation des filles ? », Cahiers de la recherche sur l'éducation et les savoirs, ID : 10670/1.81wipt
Cet article s’intéresse à la construction de l’identité professionnelle des enseignantes au Niger, dans un contexte où elles sont particulièrement sollicitées par l’administration pour jouer le rôle de promotrices de la scolarisation des filles en milieu rural. Comment les enseignantes peuvent-elles assumer ce rôle en étant l’objet d’injonctions contradictoires de la part de l’administration et lorsque les communautés rurales ont une attitude méfiante vis-à-vis du modèle de féminité qu’elles incarnent ? En effet, l’administration souhaite qu’elles valorisent le métier d’enseignant et ainsi l’image de la femme salariée à travers leurs compétences professionnelles mais pas seulement. À travers les règles formelles et informelles qui leur sont imposées, et qui sont jugées nécessaires pour l’adhésion des parents à la scolarisation des filles, l’administration enjoint les enseignantes de se conformer également aux rôles et comportements sociaux assignés aux femmes rurales, tandis que la mission de promouvoir la scolarisation des filles suppose en partie l’évolution de ce modèle de féminité. Par ailleurs, ces injonctions, qui forment l’identité par autrui des enseignantes, entrent en tension avec leur identité réelle et vécue car les enseignantes jugent leurs conditions d’exercice difficiles, et dans les villages où elles sont supposées s’intégrer, certains parents rejettent leurs identités professionnelle et sociale.