2020
Cairn
Marc Hédrich, « L’affaire Durand, ou la « nouvelle affaire Dreyfus » (1910-1918). Autopsie de l’erreur judiciaire du siècle », Histoire de la justice, ID : 10670/1.874rvz
Jules Durand est condamné à mort par la cour d’assises de Rouen le 29 novembre 1910. L’affaire Durand débute avec l’accusation portée contre lui, leader syndicaliste des dockers du port du Havre, après la mort de l’un d’entre eux, Dongé, un non gréviste, le 9 septembre 1910, lors d’une rixe sur fond d’alcool et de grève menée contre la Compagnie générale transatlantique qui souhaite mécaniser le travail des ouvriers charbonniers. Durand n’est pas directement mêlé aux faits, mais il est accusé d’assassinat – la plus grave incrimination d’homicide – pour avoir fomenté la mort de Dongé. Le procès en révision a permis de comprendre qu’il s’est agi d’une véritable machination de la Compagnie générale transatlantique contre le syndicat et à quel point la justice a pu être sous influence. La révision de son procès, grâce au député-avocat Paul Meunier et à la pression d’une partie de l’opinion publique, aboutit à la réhabilitation de Jules Durand par la Cour de cassation le 15 juin 1918, mais sans grandes indemnités pour sa famille. Quant à lui, sa condamnation l’a rendu fou.