2016
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VertigO : La revue électronique en sciences de l’environnement ; vol. 16 no. 2 (2016)
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Philippe Deuffic et al., « Trajectoire sociopolitique d’un indicateur de biodiversité forestière : le cas du bois mort », [VertigO] La revue électronique en sciences de l’environnement, ID : 10670/1.8hdr2z
Pour témoigner de la biodiversité des forêts françaises, les autorités publiques ont retenu en 2011 le volume de bois mort comme un indicateur de référence. Ce choix résulte d’un long processus de mise en problème public d’un objet longtemps ignoré des acteurs du monde forestier. Après une phase de trouble, d’épreuve et de construction d’une argumentation susceptible de retenir l’attention des décideurs publics, un intense travail de catégorisation et d’objectivation a permis de montrer l’importance du bois mort pour la biodiversité forestière. La communauté scientifique est ainsi parvenue à faire du volume de bois mort un des indicateurs de référence de la biodiversité des forêts françaises. Mais ce statut est sans cesse menacé par les nouvelles techniques développées par la communauté scientifique. La « diversité » des pièces de bois mort apparaît comme une métrique plus intéressante que le volume de bois mort lui-même. De même les nouveaux procédés métrologiques (par ex le barcoding ADN) permettent de décrire la biodiversité saproxylique sans même inventorier le volume de bois mort au risque de ringardiser cette métrique traditionnelle. Mais d’autres facteurs - coût d’acquisition des données, facilité de mise en oeuvre, communicabilité, etc. – peuvent convaincre les autorités publiques de s’en tenir à la méthode classique d’estimation du volume de bois mort. Indicateur de gestion et objet de recherche, la catégorie « bois mort » pourrait à terme prendre des trajectoires très divergentes.