Groupe thérapeutique à médiation sensorielle olfactive en milieu carcéral

Résumé Fr En

La pratique de psychologue en milieu carcéral, qui constitue une extension du champ psychanalytique sur le terrain du soin aux cliniques de l’extrême, nécessite l’invention de nouveaux cadres-dispositifs : cet article interroge l’approche psychothérapeutique de sujets présentant des pathologies de l’agir, à partir d’un cadre thérapeutique innovant, un groupe à médiation sensorielle olfactive, auprès d’une population criminelle. Le travail thérapeutique groupal à partir de la reconnaissance de l’odeur, comme premier maillon de l’organisation affective, favorise une appropriation subjective de l’histoire de ces sujets marquée par des passages à l’acte violents.L’intérêt thérapeutique spécifique du recours au médium sensoriel olfactif en prison consiste à remobiliser l’expérience sensorielle par la réactualisation de traces mnésiques perceptives, sous forme de sensations hallucinées, correspondant à des souvenirs sensoriels engendrés par le médium olfactif : il s’agira dans l’espace thérapeutique de transformer la sensation hallucinée en une « figuration parlée » et de favoriser un travail de composition de l’affect et de partage affectif avec autrui, pour des patients aux « limites » de la clinique, souvent organisés sur un mode pervers.

The psychologist practicing in a prison environment as an extension of the psychoanalytic field to extreme conditions of clinical treatment needs new dispositives to work by. This article formulates questions to do with the psychoanalytic approach to subjects presenting behavioural pathologies. An innovative group setting using the sensory olfactive medium as a working approach is described. Olfactive recognition is seen as the first link to subjective appropriation in the person’s history to his affective organisation wrought with acts of violence.The specific interest of this approach is to reactualise memory traces through sensory experience under the form of hallucinatory sensations. These sensations are transformed in the therapeutic setting into « figures of speech » so as to allow affects to be composed and shared with others. These are patients at the « limits » of a clinical approach and whose personality organisation is often perverse.