26 novembre 2018
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Franziska Flucke, « L’enseignement de l’Histoire dans les classes bilingues en Allemagne et en France : une contribution à la formation d’une conscience historique européenne dans le contexte des relations franco-allemandes ? », Theses.fr, ID : 10670/1.8qeb2g
Pendant l’année scolaire 2012/13, la France et l’Allemagne célèbrent le cinquantième anniversaire du Traité de l’Elysée. Ce traité bilatéral, signé le 22 janvier 1963 par le président de la République française Charles de Gaulle et le chancelier allemand Konrad Adenauer, a scellé un partenariat d’exception entre la France et l’Allemagne dans le domaine de l’éducation. A la suite du traité, en 1969, des premiers cursus bilingues français-allemands ont été établis dans les lycées allemands et français. Les élèves allaient ainsi devoir améliorer leurs connaissances de la langue française ou allemande afin de créer une nouvelle élite franco-allemande pour une Europe commune construite comme une troisième puissance dans le contexte de la Guerre froide. L’Enseignement d’une Matière par l’Intégration d’une Langue Etrangère (= EMILE) se répandit rapidement à partir des années 1990 suite au contrat de Maastricht. Aujourd’hui, l’Enseignement d’une Discipline Non-Linguistique (= DNL) existe pour plusieurs langues et matières dans tout l’espace européen. Ce type d’enseignement est très prisé dans le cadre de la politique linguistique européenne afin de promouvoir le « plurilinguisme ». En France, les sections internationales ont été mises en place en 1981 et les sections européennes en 1992. La France et l’Allemagne ont été les premières à créer un double diplôme, « l’abibac » (en 1994), qui permet aux élèves d’intégrer les établissements d’enseignements supérieurs du partenaire plus facilement. La thèse vise à une comparaison et évaluation de la plus-value didactique de l’enseignement bilingue en Histoire en France et en Allemagne. Depuis les origines de ce type d’enseignement, les didacticiens des langues vivantes se mettent facilement d’accord pour affirmer que celui-ci contribue à développer les compétences linguistiques des élèves ; mais les historiens ont des avis divergents concernant l’acquisition des compétences liées à l’apprentissage de l’Histoire. C’est pourquoi cette thèse cherche à donner des éléments de réponse aux questions suivantes : Dans quelle mesure l’enseignement apporte-t-il une plus-value pour le savoir et les compétences historiques de l’élève ? Peut-on parler de l’acquisition d’une compétence franco-allemande ou/ et européenne ? Pour cela, l’auteure emprunte le concept allemand de la « conscience historique » (« Geschichtsbewusstsein ») comme instrument heuristique et le situe dans une perspective européenne. Ainsi, elle constate que l’enseignement bilingue permet aux jeunes de s’orienter dans des contextes européens en s’appuyant sur les savoirs et des savoir-faire historiques spécifiques acquis dans les filières à condition que cet enseignement soit basé sur une coopération étroite entre les acteurs des deux pays. L’auteure présente le développement de cette coopération dans le contexte historique et culturel du rapprochement franco-allemand et situe ainsi la problématique dans une perspective de longue durée