Ménages d'enfants sans parents au Rwanda : (Re-)création d'une structure familiale après le génocide perpétré contre les Tutsis ?

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2011

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Claudine Uwera Kanyamanza et al., « Ménages d'enfants sans parents au Rwanda : (Re-)création d'une structure familiale après le génocide perpétré contre les Tutsis ? », Cahiers de psychologie clinique, ID : 10670/1.8ro42o


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Le phénomène des « enfants chefs de ménage » et des « ménages d’enfants » surgit au Rwanda après le génocide des Tutsis en 1994. Rien ne pouvait être institué, prévu, comme forme d’organisation familiale pour ces enfants qui en viennent à vivre seuls dans des ménages sans parents et sans adultes, avec à leur tête un autre enfant un peu plus grand, un aîné, qui assume des fonctions parentales et fraternelles qui ne sont pas nécessairement basées sur des liens de consanguinité. L’enfance et le passage à l’âge adulte, ici vécus sans parents, sur le fond de la disparition des parents et sous la marque de l’innommable, se révèlent difficiles, sources de souffrance, quand bien même les raisons de ce destin restent différentes pour chaque enfant. Les auteurs se demandent comment ces enfants en sont arrivés là, ce qui fait qu’à un certain moment, on se met à créer un « ménage », une « famille », ce qui est déterminant dans cette construction des ménages d’enfants, ce qui permet qu’ils y arrivent, qu’ils réussissent à y vivre, mais aussi ce à quoi ils renoncent, et ce que représente pour eux cette vie menée dans le ménage d’enfants. Une hypothèse est que pour ces enfants vivre dans un ménage d’enfants est une tentative singulière d’arriver à créer un nouveau groupe familial et d’y vivre, en remobilisant la structure sous-jacente de la famille, un essai donc, non sans désespoir, de recréer une espèce de foyer, simultanément personnel et social, un lieu où vivre, ou plutôt d’abord à partir duquel survivre, sur les cendres de celui pourtant perdu, déréalisé, anéanti dans le génocide et son cortège de ravages. L’analyse d’entretiens menés sous la forme du récit de vie auprès de 16 enfants déploie leur arrachement à l’enfance et leur projection dans une lourde responsabilité, celle d’une parentalité précoce qu’ils adoptent en étant « comme des parents » à la différence d’être parents. Ils témoignent de la manière dont des paroles, gestes, souhaits et modes d’être intériorisés issus des parents s’avèrent porteurs pour les enfants des ménages en les poussant à assumer en propre une position et un rôle personnels créateurs de groupes d’appartenance et de filiation.

Households in Rwanda by children without parents. (Re)building a family structure after the rwandan genocide?The phenomenon of “child-headed households” or “children households” emerged in Rwanda in the wake of the 1994 Tutsi genocide. No form of family organization could be set up or planned for these children, who ended up living alone in households without parents or other adults. At their head was another, slightly older, child – the oldest - who assumed the role of a parent or a sibling without there being necessarily any blood ties. Childhood and the transition to adulthood, experienced without parents, but with a background of parental disappearance and the mark of the unmentionable, proved to be difficult and a source of suffering, while the causes of such a fate were different for each child. The authors examine how this situation came about, what caused, at a certain moment, the act of creating a new “household” or “family,” what was the deciding factor in building a children household, what enabled them to succeed and manage to live together, but also what they had to give up and what life in a children household meant to them. One hypothesis is that, for these children, living in a children household was a singular attempt to create a new family and to live in it by rebuilding the underlying structure of the family. It was thus a desperate attempt to re-create a kind of personal and social home, a place in which to live, or rather initially to survive, in the ashes of what had been lost, dismembered and annihilated by the genocide and its accompanying devastation. An analysis of interviews with 16 children talking about their own life reveals how they were torn away from their childhood and hurled into a life of heavy responsibility, an early parenthood, which they took on by being “like parents,” without being real parents. They relate how words, gestures, hopes and internalized ways of being, inherited from their parents, proved invaluable for the children of these households by leading them to assume a personal position and role in creating groups in which they were family members.

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