Pères et hommes au centre maternel : faire plus de place aux absents ?

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Les pouvoirs publics ont pour volonté de favoriser l'implication précoce des pères dans le « travail parental » et la coparentalité pour les couples séparés. La présente étude a eu pour objet d'observer la manière dont ces orientations pouvaient être comprises et mises en œuvre dans des établissements sociaux spécialisés dans l'accompagnement des jeunes femmes isolées les plus en difficulté. Comment ces injonctions sont-elles vécues par les destinataires des politiques publiques et par les agents chargés de les mettre en œuvre ? N'y a-t-il pas un décalage entre l'évolution des mentalités telle qu'elle est prise en compte par la loi et les représentations de la famille dans les milieux sociaux les plus précaires ? Nous avons enquêté auprès de résidentes d'un centre maternel, les interrogeant sur leur situation concrète, leurs relations avec le père de leurs enfants, leur vision de la famille et de la place des hommes en son sein. Nous avons également interrogé des professionnelles sur leur compréhension de la commande sociale quant à l'implication des pères, leur conception de la famille et leur vision des rapports de genre. Les observations réalisées ont confirmé notre hypothèse d'un écart sensible entre la situation réelle du public (absence des hommes) et les injonctions à la promotion de la coparentalité. Elles ont mis en évidence l'absence quasi totale des pères et l'isolement des jeunes femmes accueillies en centre maternel et dans ce sens infirmé les affirmations sur le caractère désuet de ce dispositif comme devant être remplacé par des centres parentaux. Elles ont montré comment les professionnels eux-mêmes pouvaient être à l'aise avec l'objectif de coparentalité tout en partageant en partie les valeurs du public accueilli. Notre étude a fait apparaître l'évolution des publics, principalement liée aux migrations internationales et la manière dont elle accroissait les écarts observés.