Unitarisme, conscience identitaire et résistance dans l'Aragon franquiste : discours et réalités

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2011

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Fausto Garasa, « Unitarisme, conscience identitaire et résistance dans l'Aragon franquiste : discours et réalités », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société, ID : 10670/1.8xkxrw


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Abstract En Fr

Franco’s speech was characterized by an insistance on unitary nationalism. Despite the influence of the Catholic right and the phraseology borrowed from falangism, he was above all a pragmatist and contented himself with legitimizing a war and a power. Aragon, like the other regions of Spain, was subjected to this speech, established as propaganda and adopted by the single trade-union organization, the officials of the regime and, of course, by the Caudillo in person during his dramatic visits to Aragon.Although Franco’s unitary speech rejected the separatism and division associated with regional characteristics, he could not deny the diversity of the lands and peoples of Spain. Confronted with these realities, pragmatic Franco did not deny the local specificities which he considered acceptable. When necessary, he was even able to instrumentalize them.It is nevertheless true that Francoist propaganda and undeniable repression undermined a genuine sense of identity. Aragon, indeed, did not have the differential heritage of certain peripheral nationalities. Pre-civil war Aragonese regionalism was moreover essentially elitist and therefore embodied in a minority. It is no wonder that, in a repressive environment, differential speech was virtually non-existent in Aragon until the end of the 60s and was, at best, found only among intellectual and bourgeois elites close to the regime or subservient to it.It was only in the 70s, when Franco's power was waning, that the first popular demonstrations that revealed a notable interest in the regions took place. In a nation which demanded political change, Aragon eventually followed the lead of a movement launched by peripheral nationalities. The struggle against the transfer of water from the Ebro and the building of nuclear plants on the regional territory as well as the feeling, among some Aragonese people, of living in a region humanely and economically despoiled were to be the crucible in which, following the lead of the intellectual elites and the still illegal political parties, regional consciousness was going “to be shaped”.Faced with apparently irreversible changes, some officials of the regime and an opportunistic right tried to compromise, and in many cases encouraged the purely technical regionalization which the regime called for. As for the multiform anti-Franco opposition (dominated by Marxists) while denying any separatist aim, it adopted a very political rhetoric which presented Aragon as the colonized victim, exploited and plundered by capitalists and the authoritarian and centralized power, which could find safety only in a change of regime and by the acquisition of true autonomy.

Le discours franquiste se caractérisait par l'affirmation d'un nationalisme unitaire. Malgré l'influence des droites catholiques et la phraséologie empruntée au phalangisme, il était avant tout pragmatique et se limitait à légitimer une guerre et un pouvoir. L'Aragon, comme les autres régions d'Espagne, subit ce discours érigé en propagande et mis en scène par l'organisation syndicale unique, les cadres du régime et, bien entendu, par le Caudillo en personne lors de ses visites théâtrales en terres d'Aragon. Bien que le discours unitariste franquiste rejetât division et séparatisme associés aux particularismes régionaux, il ne put nier la diversité des terres et des peuples d'Espagne. Confronté aux réalités, Franco, pour le moins pragmatique, ne nia pas les spécificités locales jugées bénignes. Il sut même, le cas échéant, les instrumentaliser. Il n'en reste pas moins vrai que la propagande franquiste et une indubitable répression mirent à mal une conscience identitaire authentique. L'Aragon, il est vrai, ne possédait pas le patrimoine différentiel de certaines nationalités périphériques. Le régionalisme aragonais d'avant-guerre avait été par ailleurs essentiellement élitiste et donc très minoritaire. Dans un contexte répressif, rien d'étonnant à ce que le discours différentiel fût en Aragon pratiquement inexistant jusqu'à la fin des années 60 et réservé, dans le meilleur des cas, à des élites intellectuelles et bourgeoises proches du régime ou inféodées à ce dernier. Ce ne fut que dans les années 70, dans une atmosphère de fin de règne, qu'eurent lieu les premières manifestations populaires montrant un intérêt sensible pour le fait régional. Dans une Espagne qui réclamait des changements politiques, l'Aragon finit par suivre une dynamique déjà amorcée par les nationalités périphériques. Les luttes contre le transvasement des eaux de l'Èbre et l'installation de centrales nucléaires sur le territoire régional ainsi que le sentiment, chez certains Aragonais, de vivre dans une région humainement et économiquement spoliée allaient constituer un creuset où, sous l'impulsion d'élites intellectuelles et de partis politiques encore illégaux, allait " se façonner " une conscience régionale. Face aux changements apparemment irréversibles, certains cadres du régime et une droite opportuniste tentèrent de composer, se contentant dans bien des cas d'encourager une régionalisation purement technique voulue par le régime. L'opposition antifranquiste multiforme, mais dominée par les tendances marxistes, tout en se défendant de toute visée séparatiste, adopta, quant à elle, un discours éminemment politique où un Aragon victime, colonisé, exploité, pillé par le grand capital et un pouvoir autoritaire et centralisé, ne pouvait trouver son salut que dans un changement de régime et par l'acquisition d'une réelle autonomie.

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