2021
Cairn
Vincent Blanchet, « Les deux voix du grec. Heidegger et le « livre des livres » », Revue des sciences philosophiques et théologiques, ID : 10670/1.96x9ef
Depuis la publication des Cahiers noirs, percer l’énigme du rapport entretenu par Heidegger avec le christianisme et le judaïsme constitue une tâche d’une urgence nouvelle. Si l’hostilité et la concurrence caractérisent cette relation, il s’agit d’en bien déterminer l’enjeu autant que l’arène. Entre la pensée de l’Être et la Parole de Dieu, les pages qui précèdent s’efforcent de montrer qu’il y va pour Heidegger d’un affrontement autour de la vérité elle-même. Le lieu de cette lutte s’avère alors la langue grecque, où s’est une fois pour toutes inscrit le commencement de la question de l’être et en laquelle s’est finalement traduit l’appel de Dieu. Il s’agit alors de présenter la façon dont Heidegger aura conçu l’événement de cette rencontre advenue dans la langue native de la philosophie. En plaçant sa lecture de la lettre biblique, et sa compréhension de l’esprit qui l’anime, en regard de l’exégèse de son ancien collègue et ami Rudolf Bultmann, apparaîtront également les limites qui furent celles de l’entente heideggérienne des paroles se recueillant dans la Bible et les secrètes dépendances que sa philosophie conserve à leur endroit.