2009
Cairn
Anne Lehoërff, « Les paradoxes de la Protohistoire française », Annales. Histoire, Sciences Sociales, ID : 10670/1.9aoejj
Au XIXe siècle, alors que l’archéologie se constitue progressivement en un champ disciplinaire en Europe, la France choisit une voie particulière qui marque encore aujourd’hui les recherches et l’enseignement universitaire. Refusant la périodisation des trois âges mise au point en Scandinavie, elle milite pour une origine méditerranéenne de son histoire et associe l’archéologie à l’histoire de l’art. La Préhistoire trouve sa légitimité dans le cercle des naturalistes, qui reste néanmoins marginal dans les structures académiques liées au champ historique. Dans les années 1880, Gabriel de Mortillet propose une « Protohistoire » destinée à combler une lacune en termes de période. Pendant des décennies, cette « quatrième voie » chronologique n’a pas bénéficié d’un grand dynamisme en France et n’a reçu aucune reconnaissance, tandis que le reste de l’Europe faisait progresser la connaissance sur le Néolithique, l’âge du Bronze et l’âge du Fer. Dénoncé dès les années 1950, ce retard n’a commencé à être comblé qu’à partir de la fin des années 1960 en France. La question de la Protohistoire n’y est toujours pas réglée à l’aube du XXIe siècle alors que le reste de l’Europe, sans toujours adopter le terme, a depuis longtemps légitimé cette période historique.