5 août 2019
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2019 / 2 : Les frontières de la re-présentation
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Charles Illouz, « Urbanité de l'art, autorité du lieu », La Thérésienne. Revue de l'Académie royale de Belgique, ID : 10.25518/2593-4228.644
Contribuant à révéler l’identité dissociative de l’espace urbain contemporain, le graffiti s’affirme comme un combat contre les entreprises de la reproductibilité de masse. Cette création faite d’œuvres singulières s’entremêlant dans l’espace public se fraye un chemin dans les lieux mêmes qui la bannissent. Disputant souvent son espace de visibilité à celui de la publicité, le graffiti expose son auteur aux ripostes pénales. Mais le pouvoir singulier du graffiti réside dans son impossibilité structurelle à adopter le cadre, impossibilité constituée en condition à posséder un lieu. Dans le cas contraire, comme le cursus de certains graffeurs le montre, une métamorphose ontologique le déchoit de la classe des graffitis. Le cadre reste dévolu aux œuvres qui cherchent preneurs. Ainsi, conçues amovibles, celles-ci peuvent circuler et être négociées sur le marché. Sans cadre, pictural et institutionnel, le graffiti se déploie parmi ses « congénères » dans l’espace marqué des seules particularités architecturales du lieu.