2019
Cairn
Caroline Ibos, « Les subalternes peuvent rêver : Mary Sibande et la résistance des domestiques sud-africaines », Sociétés & Représentations, ID : 10670/1.9fzy6p
Dans sa série de sculptures Long live the Dead Queen, l’artiste Mary Sibande représente les femmes de sa famille, travailleuses domestiques qui, comme de nombreuses femmes noires sud-africaines, ont servi des familles blanches. Si le corps des statues, moulé sur celui de l’artiste, semble réaliste, leurs costumes déploient les rêves de puissance qui ont permis aux ancêtres de Sibande de résister à l’oppression. Proposant une lecture politique de cette œuvre dans un contexte postcolonial, l’article se saisit du concept de subalternité, tel que, d’Antonio Gramsci à Gayatri Spivak, il fut élaboré dans la théorie critique pour saisir les « traces de résistance » (Gramsci), les « voix étouffées » (Spivak) ou les capacités d’action de groupes maintenus dans la subordination et sur lesquels pèse une présomption de passivité sociale.