2010
Cairn
Laure Schnapper, « Chanter la romance », Napoleonica. La Revue, ID : 10670/1.9gh2nd
Au début du XIXe siècle, on compte peu de concerts publics et c’est essentiellement dans les salons qu’est jouée la musique, qui joue à part égale avec l’art de la conversation et le jeu, dans la sociabilité mondaine. Les salons des membres de la famille impériale, l’impératrice Joséphine, la reine Hortense, les sœurs et frères de l’Empereur, sont parmi les plus reconnus dans la vie musicale mondaine. Contrairement à l’Allemagne, la France préfère le théâtre et l’opéra à la musique purement instrumentale, et la romance permet d’introduire la scène lyrique dans l’espace du salon et fait office, en quelque sorte, d’opéra-comique de chambre. Apparue vers le milieu du XVIIIe siècle, la romance connaît un remarquable succès, parallèle à celui que connaît le Moyen Âge, qui se traduit dans les arts par ce qu’on appelle le genre « troubadour ». Le schéma poético-musical se calque alors sur la structure simple des chansons populaires, composées de couplets, parfois en alternance avec un refrain. Les romances évoquent le passé historique et héroïque, mais aussi l’amour et sa fragilité. Œuvre simple, tant au niveau des paroles que de la ligne mélodique, réalisant l’union de la poésie et de la musique, la romance trouve nombre de ses auteurs parmi les femmes, la plus célèbre restant la reine Hortense (1783-1837), compositrice de ce qui deviendra un hymne bonapartiste, Partant pour la Syrie ou Le beau Dunois. Parmi les compositeurs masculins, Jean-Pierre Garat (1762-1823) et Charles-Henri Plantade (1764-1839) connurent de grands succès.