2017
Cairn
Vianney Schlegel, « Pauvres, déviants, malades : Travail d’inférence et catégorisations professionnelles dans la régulation de l’accès à l’hébergement des personnes sans-domicile », Terrains & travaux, ID : 10670/1.9it652
Partant du constat d’une pénurie structurelle des places d’hébergement à destination des personnes sans-domicile, cet article analyse les critères d’attribution qui président à leur allocation et les effets de ces critères en termes de catégorisation des demandeurs. L’accès à l’hébergement fait l’objet d’un processus de régulation : celle-ci est une juridiction (Abbott, 1988) faisant l’objet d’un conflit entre groupes et segments professionnels. Si un ordre général d’allocation des places construit sur le critère de l’ancienneté des demandes d’hébergement est supposé prévaloir, des résistances s’observent qui contestent l’ordre institué. Par un travail d’inférence déployé lors de commissions d’attribution des places, les professionnels (re)définissent les demandes qui leur sont formulées. Ils identifient des figures indésirables dans les structures d’accueil et à l’inverse, des situations nécessitant un traitement prioritaire et urgent. La distinction entre pauvres méritants et imméritants, héritée de l’histoire et théoriquement annulée par la norme d’inconditionnalité de l’accueil, est ainsi réactivée.