2011
Cairn
Ferdinand Scherrer, « « Le roc… » », Essaim, ID : 10670/1.9j8u2r
« Roc de la castration ». Une formule choc qui a fait fortune. Elle s’est disséminée depuis les années 1980 dans la littérature psychanalytique, surtout d’obédience lacanienne, sur fond de l’annonce ressassée d’un au-delà de l’œdipe, d’un dépassement de Freud par Lacan.Dépassement que ce dernier n’a jamais revendiqué comme tel. La formule ornée de ses guillemets se donne l’allure d’une citation… de Freud, ce qu’elle n’est pas ; introuvable chez Freud elle est aussi absente chez Lacan. Elle est la traduction libre, l’interprétation à notre sens erronée de ce qu’écrit effectivement Freud : gewachsener Fels et gewachsener Felsen. Formules énigmatiques qui ont été rabotées par les différentes traductions françaises et anglaises. L’énigme reste à décrypter. Fels (roc) et Felsen (roche) sont les termes d’un chiasme qui paraît être l’ultime métaphore de Freud, non de la castration, mais de l’entrelacs, du pli, du « littoral » du psychique et du corporel, de « la logique et de la corporéité » ; du nœud inextricable de l’Unerkannt, du non-reconnu ; de l’ombilic du rêve, du désir et de la parole ; des « points d’ombilication du sujet dans les coupures du signifiant, la plus fondamentale étant l’Urverdrängung » (Lacan). L’enjeu épistémologique de cette traduction est, on le voit, de taille.