« Le roc… »

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« Roc de la castration ». Une formule choc qui a fait fortune. Elle s’est disséminée depuis les années 1980 dans la littérature psychanalytique, surtout d’obédience lacanienne, sur fond de l’annonce ressassée d’un au-delà de l’œdipe, d’un dépassement de Freud par Lacan.Dépassement que ce dernier n’a jamais revendiqué comme tel. La formule ornée de ses guillemets se donne l’allure d’une citation… de Freud, ce qu’elle n’est pas ; introuvable chez Freud elle est aussi absente chez Lacan. Elle est la traduction libre, l’interprétation à notre sens erronée de ce qu’écrit effectivement Freud : gewachsener Fels et gewachsener Felsen. Formules énigmatiques qui ont été rabotées par les différentes traductions françaises et anglaises. L’énigme reste à décrypter. Fels (roc) et Felsen (roche) sont les termes d’un chiasme qui paraît être l’ultime métaphore de Freud, non de la castration, mais de l’entrelacs, du pli, du « littoral » du psychique et du corporel, de « la logique et de la corporéité » ; du nœud inextricable de l’Unerkannt, du non-reconnu ; de l’ombilic du rêve, du désir et de la parole ; des « points d’ombilication du sujet dans les coupures du signifiant, la plus fondamentale étant l’Urverdrängung » (Lacan). L’enjeu épistémologique de cette traduction est, on le voit, de taille.

« The rock of castration » : A shock phrase which has enjoyed fortune. Since the 1980s it has spread throughout psychoanalytic literature, especially Lacanian, on the basis of the worn-out theme of a beyond Oedipus, a surpassing of Freud by Lacan : A surpassing never claimed as such by Lacan. The phrase in inverted commas comes over as a quotation… by Freud, which it isn’t ; untraceable in Freud, it is also absent in Lacan. It is a free translation, a mistaken interpretation of what Freud actually wrote : « gewachsener Fels » and « gewachsener Felsen » : Enigmatic phrases worn down by different French and English translations. The enigma remains to be deciphered. Fels (rock) and Felsen (boulder) are terms for a chiasm which seems to be Freud’s ultimate metaphor, not for castration but for the intertwining, the fold, the « littoral » of the psychical and the corporal, of the « logical and the corporeal » ; the inextricable knot of the Unerkannt, of the unacknowledged ; the nucleus of the dream, of desire and of speech ; the « subject’s nucleus points in the cuttings of the signifier, the deepest being the Urverdrangung » (Lacan). The epistemological stakes of this translation are, we will see, considerable.

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