Quelques obstacles à l’implication démocratique lors de « l’affaire de l’hydroxychloroquine » : analyse épistémologique et éthique

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2021

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Vincent Israel-Jost, « Quelques obstacles à l’implication démocratique lors de « l’affaire de l’hydroxychloroquine » : analyse épistémologique et éthique », Revue française d'éthique appliquée, ID : 10670/1.9kz0ir


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Il s’agira ici de dégager puis de critiquer la vision de la science proposée par le professeur Raoult, à partir de ses interventions. C’est une science verticale, tout d’abord, car seuls y sont audibles les top-experts mondiaux, mais aussi une science prosternée, qui valide d’emblée la parole de ces top-experts sans passer par le registre de la preuve. Cette vision de la science entre en conflit avec les valeurs habituellement défendues par la science, qui témoignent d’une préoccupation éminemment démocratique : nul scientifique n’est censé se dégager du registre de la preuve, et différents mécanismes sont censés assurer une relative horizontalité du champ, comme l’évaluation par les pairs, ou l’anonymat des auteurs et des relecteurs. Tandis que le professeur Raoult tend, on le verra, à séparer autant que possible, et parfois tout à fait explicitement, science et démocratie, cet article réaffirme ce qui a toujours été clair pour nombre de scientifiques et d’analystes des sciences : la science est une entreprise à caractère démocratique, si bien qu’être anti-démocrate, c’est déjà être anti-scientifique. C’est ainsi à la levée de deux obstacles que cet article aspire : d’une part, l’implication des autres scientifiques doit être perçue à sa juste valeur, et non éludée comme y invite Didier Raoult ; d’autre part l’implication citoyenne est à la fois possible et souhaitable sur un mode autre que paternaliste.

I propose to identify and criticize the vision of science promoted by Professor Raoult, based on his interventions. It is a vertical science, firstly, since only top-experts should be heard according to him, and, secondly, a science that bows down before those top-experts, the opinions of which are automatically validated and don’t have to be based on evidence. This vision of science is at odds with the values usually held in science, which reflect an eminently democratic concern: no scientist is supposed to present unsupported claims and various mechanisms are supposed to ensure the relative horizontality of the field, such as peer-review or the anonymity of authors and reviewers. While Professor Raoult tends, as we will see, to separate as much as possible, and sometimes quite explicitly, science and democracy, this article reaffirms what has always been clear to many scientists and science analysts: science is a democratic enterprise, so being anti-democratic is already being anti-scientific. It is thus to the removal of two obstacles that this article aspires: on the one hand, the involvement of other scientists must be perceived at its true value, and not evaded as Didier Raoult invites; and on the other hand, citizen involvement is both possible and desirable in a way that is not paternalistic.

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