2019
Cairn
Emmanuelle Sempère, « Les effets merveilleux des couleurs dans Lamekis du Chevalier de Mouhy (1735-1738) : couleur de la peau et désordre du monde », Dix-huitième siècle, ID : 10670/1.9l0sx0
La couleur joue un rôle essentiel et structurant, dans ce roman « bizarre » aux accents fantastiques. Associée à un imaginaire de la monstruosité, la couleur particularise les êtres étranges qui peuplent les souterrains de la « terre intérieure » et les airs de l’île des « sylphes » : tout sauf gratuite, la couleur de peau fonctionne comme un principe d’organisation symbolique du monde. Mais les mythes d’origine et l’histoire des individus révèlent la violence attachée à l’altérité chromatique : le bleu, le rouge et le blanc se mélangent sans perdre de leur antinomie, et il n’y a pas jusqu’au rose qui ne soit lié à la barbarie. De principe structurant, la couleur devient ainsi le signe d’un désordre qui met à mal le concept de nature comme le sens de l’histoire.