2014
Cairn
Olivier Corten, « Les visions des internationalistes du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes : une approche critique », Civitas Europa, ID : 10670/1.9v1key
Une évaluation de la doctrine internationaliste montre que, si l’unanimité semble régner quant à l’ existence d’un droit des peuples à l’autodétermination, les contradictions restent vives quant à l’ interprétation qu’il convient de retenir de ce droit. Ces contradictions touchent principalement la définition de la notion de « peuple », qui suscite des conceptions différentes, d’ordre tantôt « territorial », tantôt « national », tantôt de nature « constitutive ». Lorsque les auteurs cherchent à objectiver la notion de peuple en vue de limiter les aléas des rapports de puissance, ils sont constamment confrontés à des dilemmes la rendant vulnérable tantôt à la critique de l’utopie, lorsque des considérations de justice sont avancées sans lien réel avec la pratique des Etats, tantôt à la critique de l’apologie, lorsque que c’est au contraire cette pratique qui détermine l’énonciation de la norme. Dans ce contexte, il serait vain de prétendre départager ses conceptions de manière générale et abstraite, en dégageant une hypothétique « nouvelle conception » qui opérerait la synthèse parfaite, apte à répondre à tous les défauts affectant les anciennes. En réalité, la définition de la notion de peuple est dynamique, et dépend essentiellement de l’évolution des rapports de force et des contradictions davantage que d’une nouvelle énonciation qui prendrait la forme d’une formule juridique originale.