2021
Cairn
Didier Moreau, « L’humanité et ses fantômes », Le Télémaque, ID : 10670/1.9v85xz
L’humanité contemporaine semble se déchirer entre des « barbares iconoclastes » et des « blasphémateurs profanateurs ». Dans ce conflit, on pourrait retrouver une figure de l’aporie que Paul Ricœur décrivait entre l’herméneutique (faible) des traditions et la critique (forte) des idéologies, la faiblesse de la première, face à la force de la seconde, tendant à s’équilibrer par la violence que celle-là déploie contre celle-ci. Ricœur propose une issue, qui se réalise par une transaction entre attente et mémoire, dont l’acte de promesse est le paradigme, contre le pur tragique de la Wiederholung, de la répétition heideggérienne. Cette voie reste, pour le moins, une perspective métaphysique, donc quasi théologique, qui réinstalle la vérité d’une parousie. Après avoir analysé cette ultime tentative de penser « une seule humanité », qui serait à l’œuvre dans la communication narrative, je considérerai le problème de la transmission éducative et générationnelle à rebours sous la catégorie de l’absence avec l’appui d’un texte de François Wahl. C’est le schème de la spectralité éducative qui sera le fil rouge de la réflexion sur les modes par lesquels les fantômes nous hantent, de Comte à Derrida, d’autant plus lorsqu’ils ne peuvent être (re)présentés.