2021
Cairn
Nsuni Met et al., « Entre le médecin et le supérieur hiérarchique : être infirmier(e) docteur(e) ou doctorant(e) dans les organisations de santé en France », Journal de gestion et d'économie de la santé, ID : 10670/1.9wbrai
ContexteDans un contexte de complexification des prises en charge et de contraintes financières accrues, les infirmier(e)s s’engagent de façon croissante dans des parcours doctoraux. C’est le cas en France, où le processus d’universitarisation de la profession est cependant peu avancé en comparaison des pays anglo-saxons. Les démarches de thèse s’inscrivent ici dans un cadre peu formalisé, notamment au niveau de l’organisation du travail. Des études mettent à jour des pratiques scientifiques émergentes, mais le niveau d’intégration de ces pratiques dans les organisations et le vécu de la thèse est encore mal connu.L’objectif de cette étude, est alors de mieux comprendre comment se déroulent les parcours de ces infirmier(e)s docteur(e)s/doctorant(e)s dans les organisations de santé. MéthodeCette étude repose sur 27 heures d’observation in situ auprès de coordinateurs de recherche et 45 entretiens semi-directifs auprès d’infirmier(e)s PhD ou doctorant(e)s exerçant en France réalisés entre novembre 2018 et juin 2020. Les enquêté(e)s ont été choisis parmi les 165 profils infirmiers docteur(e)s et doctorants identifiés lors d’un travail de recensement préalable. RésultatsDans un premier temps, l’approche biographique fait apparaître tout à la fois l’importance et l’ambiguïté du rôle occupé par les médecins dans la construction des projets doctoraux infirmiers et dans le processus d’universitarisation de la profession. Du point de vue organisationnel, les données soulignent de nombreuses tensions entre leur démarche de thèse et les exigences du travail. Ces tensions sont relayées à la fois par les cadres de santé prioritairement investis dans la gestion des équipes et par des collègues sur le terrain qui valorisent une autre conception du métier. Ainsi ces tensions organisationnelles reflètent un enjeu fort d’identification/émancipation vécu par des infirmier(e)s docteur(e)s et doctorant(e)s très marqués par une conception du mandat infirmier valorisant leur présence au chevet du patient. Discussion/ConclusionNos données montrent que l’activité des docteur(e)s et doctorant(e)s infirmier(e)s est largement favorisée dans les organisations par le compagnonnage médical. La profession infirmière fait face à la difficulté d’inscrire la démarche de recherche dans les pratiques infirmières, valorisant soit le soin direct soit les problèmes d’organisation immédiats de l’équipe.