25 novembre 2017
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Tristan Martine, « Ancrage spatial et polarisation des pouvoirs de l’aristocratie laïque en Lotharingie méridionale (fin IXe – mil. XIe s.) », Theses.fr, ID : 10670/1.a530pz
De la fin du IXe au milieu du XIe siècle, la Lotharingie, ancien cœur de l’empire carolingien, devint une marge du royaume de Francie occidentale, d’abord, puis de Francie orientale, ensuite, sans que ne se développe pour autant une identité lotharingienne. Cette recherche, qui porte sur la Lotharingie méridionale, s’intéresse tout d’abord aux structures de parenté aristocratiques, qui demeurent résolument horizontales et cognatiques. L’interrogation principale porte ensuite sur l’évolution du rapport des aristocrates à leurs espaces de domination. Ce travail montre que l’exercice de la potestas des comtes se fit, jusqu’à la réforme grégorienne, selon des logiques davantage sociales que spatiales : pagus et comitatus ne furent pas des circonscriptions territorialisées. Le territoire ne constituait pas le pouvoir comtal : il en découlait. À l’inverse, les seigneurs furent les premiers à s’ancrer spatialement en fondant des centres castraux dont ils adoptèrent le nom comme cognomen toponymique. Pour ce faire, cette thèse étudie dans le détail les fonctions, la morphologie et la chronologie de l’apparition des différents centres, aussi bien ecclésiastiques que laïques, en s’interrogeant également sur l’existence de « modèles spatiaux ». Une double approche textuelle et archéologique permet de déconstruire l’image d’aristocrates prédateurs et de montrer que si les abbayes et les sièges épiscopaux furent, pour les laïcs, l’objet d’enjeux nombreux, ceux-ci n’étaient pas d’ordre territorial. Elle amène également à reconsidérer l’aimantation castrale, en se détachant notamment d’une compréhension légaliste de ce phénomène et en analysant la coexistence de fortifications d’architectures très différentes. La multipolarisation de l’aristocratie lotharingienne ne peut se comprendre qu’en considérant pleinement les différents acteurs politiques – notamment les évêques –, afin de saisir les rapports de force changeants et la « coopétition » permanente entre ces différentes parties qui expliquent le rythme de cet ancrage spatial à tâtons. Celui-ci est à la fois différent de ce que l’on rencontre en Francie occidentale et en Francie orientale, confirmant le statut singulier de cet espace de l’entre-deux.