2020
Cairn
Anne-Katrin Weber, « « L’œil électrique » et « la torpille volante » : pistes pour une histoire du drone à partir de l’histoire télévisuelle », A contrario, ID : 10670/1.af6afq
Cet article propose d’étudier l’histoire des drones par le biais de l’histoire de la télévision. S’intéressant plus précisément aux échanges entre les domaines militaire et civil, sa focale s’éloigne d’une étude stricte des drones pour embrasser une approche d’histoire des médias et d’archéologie télévisuelle. Dans cette perspective « élargie » de l’histoire de la télévision, il porte son attention sur les dispositifs télévisuels non institutionnels ; ceux-ci ne participent pas à la définition du mass media diffusant un programme régulier dans les espaces domestiques, mais sont du ressort de domaines relativement négligés par l’historiographie, à savoir le militaire et l’industrie. Le double déplacement – des drones vers la télévision et de la télévision institutionnelle vers la télévision militaire et industrielle – permet de cartographier la circulation des pratiques et des techniques et de souligner la perméabilité des champs militaire et civil, souvent séparés au sein du débat actuel. L’article s’intéresse en particulier à l’imaginaire d’une technologie « sans hommes » qui se retrouve autant dans les discours sur les drones que sur la télévision industrielle. Alors que les deux systèmes sont fortement tributaires des assemblages homme-machine, les discours les concernant mettent en avant une technologie automatisée, voire autonome. Ensuite, l’analyse de la fonctionnalité de l’image télévisuelle militaro-industrielle offre une autre manière de penser les liens entre des pratiques militaires et civiles. Pour cela, l’article recourt à la notion d’« images opérationnelles » (Farocki 2004) qui permet d’appréhender les images télévisuelles non pas en tant que représentations mais en tant qu’instruments. Lorsque voir signifie faire, la destruction et la production deviennent des opérations qui s’apparentent.