Tout homme est-il un frère à aimer ? Quelques aperçus sur l'amour fraternel dans le Nouveau Testament Tout homme est-il un frère à aimer ? Quelques aperçus sur l'amour fraternel dans le Nouveau Testament En Fr

Abstract Fr

L’idée d’une dimension universelle de l’amour fraternel, que François entend développer dans Fratelli tutti, a-t-elle un fondement dans le Nouveau Testament ? L’article interroge la façon dont plusieurs courants majeurs du christianisme naissant (lettres pauliniennes, évangiles synoptiques, écrits johanniques et 1 Pierre) conjuguent ou non fraternité et universalité. Il est montré que, s’ils appellent souvent à l’amour du prochain quel qu’il soit, fût-il un ennemi, ils n’envisagent pas une fraternité humaine universelle. Ils héritent du judaïsme qui se comprend comme une société de frères et repensent une fraternité qui intègre l’ensemble des chrétiens. Envisager l’Église comme une communauté de frères constitue un trait caractéristique des écrits du Nouveau Testament et justifie leur grande attention à la qualité des relations ecclésiales, requérant qu’elles se conforment aux idéaux antiques de l’amour fraternel. La fraternité communautaire suppose une égalité des membres qui heurte la prégnance de la hiérarchie dans la société impériale. Le christianisme porte néanmoins des facteurs internes poussant vers une extension universelle de la fraternité : d’une part, la fraternité n’est plus fondée par le fait de descendre d’Abraham selon la chair, mais par un lien spirituel de filiation à l’égard d’un Dieu considéré comme Père ; d’autre part, l’identification de Jésus à la cause de ses « frères » dans le dénuement a été rapidement comprise comme une invitation à tisser la fraternité avec toute personne en détresse.