Brazzaville : laboratoire de la révolution congolaise (1963-1968) Brazzaville : laboratory of the Congolese Revolution (1963-1968) Fr En

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En 1963, c’est-à-dire seulement 3 ans après son indépendance, le Congo-Brazzaville connaît un mouvement populaire d’une ampleur inédite qui contraint le président de l’époque, Fulbert Youlou, à démissionner. Si les leaders des principales organisations syndicales jouent un rôle décisif dans la chute du régime, ils comptent, avant tout, sur l’expérience de l’ancien président de l’Assemblée, Alphonse Massamba-Débat, pour gérer la transition politique. Mais c’est sans compter sur l’activisme des Brazzavillois : forts de leur victoire en août 1963, ils continuent à occuper l’espace politique laissé vacant depuis l’insurrection. Au niveau local, les organisations de jeunesse, notamment, établissent des comités dans chaque quartier pour assurer la liaison entre les autorités et la population, et l’affirmation de ces acteurs de la société civile bouleverse l’échiquier politique et les équilibres qui prévalaient depuis la colonisation. Profitant d’un rapport de force favorable, ils obligent les autorités au pouvoir à négocier avec eux l’orientation de la transition et, un an seulement après l’insurrection, leur imposent la mise en place d’un parti unique et l’adoption du « socialisme scientifique » comme doctrine officielle. Pour comprendre l’influence des organisations de jeunesse sur la vie politique congolaise entre 1963 et 1968, cette étude se propose de faire une histoire « par le bas » de la révolution et d’analyser les expérimentations politiques et sociales, mises en œuvre au sein de la société civile dans les quartiers de Brazzaville, qui ont eu une incidence sur le processus révolutionnaire et de décolonisation au Congo.

In 1963, only three years after its independence, Congo-Brazzaville experienced a popular movement of unprecedented scale that forced the President Fulbert Youlou to resign. While the leaders of the main trade union organisations play a decisive role in the fall of the regime, they rely above all on the experience of the former President of the Assembly, Alphonse Massamba-Débat, to manage the political transition. But that was without counting on the activism of the Brazzaville people: strengthened by their victory in August 1963, they continued to occupy the political space left vacant since the insurrection. At the local level, youth organisations, in particular, establish committees in each neighbourhood to ensure liaison between the authorities and the population, and the affirmation of these civil society actors disrupts the political arena and the balances that have prevailed since colonization. Taking advantage of a favourable balance of power, they forced the authorities in power to negotiate with them the direction of the transition and, only one year after the insurrection, forced them to set up a single party and adopt "scientific socialism" as their official doctrine. To understand the influence of youth organizations on Congolese political life between 1963 and 1968, this study aims to make a microhistory of the revolution and to analyse the political and social experiments implemented within civil society in the districts of Brazzaville that had an impact on the revolutionary and decolonization process in Congo.

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