2021
Cairn
Olivier Dubouclez, « Sur la profération de l’« ego sum ». La parole dans la métaphysique de Descartes », Les Études philosophiques, ID : 10670/1.aqiw75
Si la profération de l’« ego sum, ego existo » au début de la Seconde méditation (AT VII 25, 12) paraît cohérente avec l’interprétation du cogito comme performatif, la présente étude, en insistant sur la situation textuelle du « profertur » cartésien, voudrait souligner son incongruité en contexte métaphysique et tenter d’en rendre raison. En montrant que la profération est bien chez Descartes une manifestation privilégiée de l’union de l’âme et du corps, elle suggère que le premier « ego sum, ego existo » de 1641 engage un sujet humain et, ce faisant, implique l’indistinction de l’âme et du corps que son second énoncé (27, 9) aura pour tâche de surmonter. Cette indistinction provisoire tient au statut de l’ ego comme créature existant dans le monde qui, comme le note explicitement le méditant, met en péril la vérité de l’« ego sum ». Ce dernier n’est pas d’abord et immédiatement le lieu d’une clarté, mais celui d’une confusion qui, faisant droit une dernière fois à l’homme et à sa parole, confirme qu’il est un processus se déployant au sein de la Seconde méditation.