2020
Cairn
Thalia Bousiopoulou, « L’inhumain dans l’œuvre de William Faulkner et dans celle de son traducteur Pavlos Matessis », Études Balkaniques-Cahiers Pierre Belon, ID : 10670/1.aultxm
Le rapport qui unit William Faulkner, romancier et nouvelliste américain, et Pavlos Matessis, dramaturge, romancier et nouvelliste grec, également traducteur d’œuvres romanesques et théâtrales, est un rapport complexe et particulier. Matessis n’a traduit en grec qu’une seule œuvre romanesque de Faulkner, mais magistrale : Le bruit et la fureur. Pourtant, comme il l’a signalé plusieurs fois dans ses entretiens, Faulkner est l’auteur qu’il a « aimé passionnément » et dont l’œuvre a exercé une influence significative sur sa propre création. Il est intéressant tout d’abord de noter les similitudes de certains procédés de narration entre les deux auteurs : par exemple, le « flux de conscience » tant dans la traduction de Le bruit et la fureur que celui qui apparaît chez l’auteur grec. Or, il ne s’agit certainement pas du simple transfert d’une technique d’une langue à l’autre ; la rencontre avec l’œuvre de Faulkner a offert à Matessis, qui préférait être appelé « compos(it)eur de traductions » plutôt que « traducteur », la chance d’affiner, dans sa propre langue, des techniques et des styles de narration qu’il avait déjà adoptées. C’est ce que nous essayerons de montrer en examinant la présence caractéristique dans leur œuvre de l’élément de l’inhumain. En effet, dans la forme de l’homme en devenir animal ou dans celle de l’homme « imparfaitement humanisé », telle que la figure de l’idiot, située aux confins de l’animalité, l’inhumain désigne pour ces deux auteurs un aspect essentiel de l’être humain.