2018
Cairn
Benoît Pigé, « L’inscription du territoire et des institutions dans le temps long : Les enjeux pour la gouvernance des organisations », Prospective et stratégie, ID : 10670/1.ax04fo
Passer d’un temps court à un temps long, c’est passer d’un horizon où les rivages à atteindre sont discernables à un horizon où les rivages sont inconnus. Cette inconnaissance n’est pas tant liée à l’évolution de l’environnement et à la mesure de ses grandeurs caractéristiques qu’aux comportements des acteurs et des parties prenantes de l’organisation. La prospective dans un temps qui dépasse la vie humaine des acteurs actuels est donc un exercice irréaliste. Mais, cet exercice permet de s’affranchir des présupposés qui, habituellement, contraignent les actions des acteurs. L’important n’est plus, alors, la réalisation de l’objectif, mais la possibilité de se dégager de contraintes jugées indépassables. Si l’on s’éloigne de la vision mécanique classique, où l’aboutissement de tout processus peut être parfaitement planifié à l’avance, et si l’on s’aventure dans une vision plus quantique où il subsiste toujours une part d’indétermination, la question centrale de la gouvernance des organisations devient la recherche des institutions, des normes, des processus qui permettent la transformation de l’incertitude en opportunité pour la recherche d’un bien commun en partie indéfinissable ex ante.