‪La visibilité des anonymes‪ : Les images conversationnelles colonisent l’espace public

Fiche du document

Date

2019

Discipline
Type de document
Périmètre
Langue
Identifiant
Collection

Cairn.info

Organisation

Cairn

Licence

Cairn



Sujets proches Fr

image-représentation

Citer ce document

André Gunthert, « ‪La visibilité des anonymes‪ : Les images conversationnelles colonisent l’espace public », Questions de communication, ID : 10670/1.axf1om


Métriques


Partage / Export

Résumé Fr En

En passant de l’album aux réseaux sociaux, l’image privée d’autrefois a accédé à l’exposition publique, multipliant son impact social dans des proportions inédites. En apportant au débat les ressources du document figuré, l’intégration de l’image au sein de la conversation en ligne (ici dénommée « image conversationnelle ») participe à la construction du récit de l’actualité, pèse sur les choix médiatiques et les décisions politiques. Elle constitue une nouvelle étape dans l’histoire longue de l’accès à la sphère publique. La contribution propose de caractériser cette évolution, sur la base de l’histoire récente, en examinant les nouvelles conditions de socialisation des images, qui exposent également leurs producteurs à de nouveaux risques. Sur l’internet, le niveau de rediffusion et le nombre des marques attentionnelles procurent une mesure intuitive de la valeur des contenus partagés. L’instantanéité des signes de la visibilité et leur amplification par le filtre algorithmique intensifient le processus d’élection collective dénommé « viralité », qui conditionne leur visibilité publique. L’intervention de nouveaux producteurs au sein de la sphère publique se manifeste par des conflits de légitimité. La panique morale qui accueille le selfie en 2013-2014 indique à la fois le passage d’un seuil de visibilité, et la perception d’un écart entre son exposition et sa valeur présumée. Le document vidéo réunit plusieurs propriétés qui en font un atout privilégié du débat public : celle d’être perçu comme une convocation du réel, une présomption de témoignage, mais aussi une démonstration autosuffisante. Il n’apporte pas seulement une information, mais constitue en lui-même un embrayeur d’interactions et un générateur de visibilité. La présence croissante du matériau iconographique dans les espaces partagés s’accompagne du développement de formes réflexives. Dans un contexte d’échange argumentatif qui prend la forme de la controverse, une véritable critique participative établit la signification des sources. L’exemple de la crise des Gilets jaunes (2018-2019) montre que ce sont les documents audiovisuels, sélectionnés par l’attention collective, et accrédités par leur lecture contradictoire, qui ont remodelé la perception du conflit social.

‪By moving from the album to the social networks, the private image has reached public exhibition, multiplying its social impact in unprecedented proportions. In bringing to the debate the resources of the figurative document, the integration of the image within the online conversation (here called “conversational image”) contributes to the narrative of the news, weighs on the media choices and political decisions. It constitutes a new stage in the long history of access to the public sphere. This contribution proposes to characterize this evolution, based on recent history, by examining the new conditions of socialization of images, which also exposes their producers to new risks. On the internet, the level of reposting and the number of attention signs provide an intuitive measure of the value of shared content. The immediacy of the signs of visibility and their amplification by the algorithmic filter intensify the process of collective election called “virality”, which determines their public visibility. The arrival of new producers within the public sphere generates conflicts of legitimacy. The moral panic that welcomes the selfie in 2013-2014 indicates both the passage of a threshold of visibility, and the perception of a gap between its exposure and its presumed value. Video document brings together several properties that make it a privileged asset of public debate: that of being perceived as a convocation of the real, a presumption of testimony, but also a self-sufficient demonstration. It not only provides information, but is in itself a shifter of interaction and a generator of visibility. The growing presence of iconographic material in shared spaces is accompanied by the spontaneous development of reflexive forms. In a context of argumentative exchange and controversy, it is the participatory critique that establishes the meaning of the sources. The example of the yellow vests crisis (2018-2019) shows that audiovisual documents, selected by collective attention and accredited by their contradictory reading, have reshaped the perception of the social conflict.‪

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en