Choix professionnels et écarts de salaires entre hommes et femmes : le rôle des différences de préférences et d’attitudes face au travail

Résumé Fr En Es

La réduction des écarts de salaires entre les hommes et les femmes est depuis maintenant deux décennies au point mort. Le fait que les unes et les autres se distinguent en matière de préférences et d’attitudes face au travail constitue une des raisons qui pourrait l’expliquer. Dans cette étude, on examine à partir de l’enquête Génération 1998 à 10 ans réalisée par le Céreq en France, le rôle que les préférences en matière de carrière, l’attitude face au risque ou le rapport à son avenir professionnel peuvent avoir sur les écarts de salaires. Comme ces facteurs sont susceptibles d’influencer non seulement les salaires mais aussi les choix professionnels, une décomposition des écarts de salaires qui en tient compte est retenue ici. Celle-ci permet en outre de prendre en considération le caractère potentiellement discriminatoire de la ségrégation professionnelle. Les différences de préférences et d’attitudes comptent pour 6,3 % de l’écart de salaires total, soit près de deux fois plus que l’expérience. Elles permettent de réduire la composante inexpliquée des écarts de salaire qui reste toutefois importante. Dix ans après la sortie du système éducatif, le salaire des femmes, inférieur de 21,2 % à celui des hommes, ne devrait en effet l’être que de 8 %.

The gender wage gap has barely narrowed over the last two decades. This may be partly attributable to gender differences in work preferences and attitudes. Drawing on data from the "Génération 1998 à 10 ans survey" conducted by CÉREQ in France, this article examines the potential roles of career priorities, appetite for risk or optimism about future career prospects on gender wage gaps. As these factors are liable to influence wages, but also career choices, this study uses a wage gap decomposition that takes them into account. It also factors in the potentially discriminatory nature of occupational segregation. Differences in preferences and attitudes account for 6.3% of the total wage gap, nearly twice as much as experience. They also reduce the unexplained component of wage differences, which nonetheless remains large. Ten years after leaving the education system, although the gender wage gap should be just 8%, women’s wages are 21.2% below those of men.

La reducción de la desigualdad salarial entre los hombres y las mujeres está, desde hace ahora dos decenios, paralizada. El hecho de que unos y otros se distinguen en las preferencias y las actitudes frente al trabajo podría ser una de las razones de esa situación. A partir de los datos de la encuesta Generación 1998 a los diez años, realizada por el Cereq (Centre d’études et de recherches sur les qualifications), examinamos aquí el papel que las preferencias de carrera, la actitud frente al riesgo o la relación al futuro profesional pueden tener sobre la desigualdad salarial. Como estos factores son susceptibles de influir no solo en los salarios sino también en las opciones profesionales, hemos operado una descomposición de las diferencias de salario que tenga cuenta de ello. Esta descomposición permite además tomar en consideración el carácter potencialmente discriminatorio de la segregación profesional. Las diferencias en las preferencias y en las actitudes dan cuenta del 6,3% de la diferencia total entre los salarios, o sea casi dos veces más que la experiencia profesional. Dichas diferencias permiten reducir la componente inexplicada de la desigualdad salarial, la cual continua siendo no obstante importante. Diez años después de la salida del sistema educativo, el salario de las mujeres, inferior de 21,2 % al de los hombres, no debería serlo que de 8 %.