13 décembre 2019
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Sarah Hassid, « L'imaginaire musical et la peinture en France entre 1791 et 1863 : mythes, pratiques et discours », Theses.fr, ID : 10670/1.b3txt7
Durant une large première moitié du dix-neuvième siècle, la musique est érigée en modèle poétique et esthétique. Elle met les artistes au défi d’un idéal invisible, impalpable et éphémère. Du Sommeil d’Endymion de Girodet à la Jeune fille en blanc de Whistler, cette étude tente de comprendre l’origine, les raisons, ainsi que les modalités du dialogue qui s’est opéré, en France, entre un imaginaire sonore revivifié et le domaine pictural. Elle s’attache à en dégager les mythes fondateurs et les expressions concrètes au sein des œuvres, des pratiques et des discours. De Sainte Cécile au poète civilisateur et au musicien virtuose, l’art des sons est incarné par des figures inspirées ou possédées qui contribuent à modeler une nouvelle image de l’artiste. À mesure qu’elle s’affirme comme un phare au sein des Beaux-arts, la musique offre, de plus, des arguments originaux, en faveur d’une régulation ou, au contraire, d’une subversion des pratiques. Les modes d’appropriation qui naissent de ce nouveau paragone révèlent deux grandes tendances. Dès le début des années 1790, plusieurs artistes comme Valenciennes, David, Girodet ou encore Prud’hon s’emparent d’un idéal sonore mythique pour fonder une veine lyrique. Celle-ci se caractérise par des sujets sentimentaux, un essor du paysage, un culte voué à la manière vaporeuse du Corrège ou encore par la représentation de drames intériorisés. Une autre forme de musicalité picturale s’épanouit à partir des années 1820. Elle se traduit par une valorisation de la main du peintre, envisagée selon un rapport d’imitation et de rivalité avec celle du musicien. De Vernet à Ingres et à Delacroix, la “signature” de l’artiste s’exprime sur la toile, par le degré de fini de ses interprétations ou sa manière « symphonique » d’agencer les formes et les couleurs, indépendamment des contingences mimétiques. Absorbées, dès les années 1860, dans le giron baudelairien et wagnérien, cette passion artistique et les musicalités spéculatives qu’elle a générée semblent offrir, une fois mise au jour, un nouveau prisme pour ré-explorer le romantisme pictural et son historiographie.