2016
Cairn
Philippe Bourmaud, « Pipe-line, colonialisme et ligne claire : Tintin et la question des mandats du Proche-Orient », Outre-Mers, ID : 10670/1.b4mao3
Les aventures de Tintin peuvent être vues comme une illustration de l’internationalisme d’entre-deux-guerres sous l’égide de la Société des Nations, en même temps qu’un exemple controversé d’imaginaire colonial. Hergé ne fait cependant nulle part mention explicitement du principal exemple de fusion de l’internationalisme et du colonialisme entre 1919 et 1939, le système des mandats. Les références à ceux du Proche-Orient ne sont toutefois pas rares dans Les Cigares du pharaon et la première version de Tintin au Pays de l’or noir, publiés tous deux dans Le Petit Vingtième, le supplément illustré hebdomadaire du journal catholique et nationaliste Le Vingtième siècle. Le traitement de la révolte syrienne de 1925, de l’installation du pipeline Kirkuk-Haïfa ou de la révolte arabe de 1936 en Palestine dans les colonnes du quotidien et dans les aventures de Tintin publiées en 1932-1934 et l’autre en 1939-1940 illustre le même glissement politique, depuis un optimisme confirmé devant les transformations sociales et culturelles en cours vers des angoisses coloniales et stratégiques à la veille de la Seconde Guerre mondiale.