6 juillet 2020
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Jérémy Thivrier, « Enquêtes de public en bibliothèque : représentations à l’œuvre », Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance, ID : 10670/1.b7fk9h
Les enquêtes de public constituent depuis plus de 40 ans un outil incontournable pour éclairer les prises de décisions relatives à l’offre des bibliothèques. Si les sciences humaines et sociales leur ont fourni la caution scientifique nécessaire, le marketing leur donne aujourd’hui la caution d’une performance qui modifie la façon dont on considère le public et ses pratiques. Nous sommes entrée dans une ère de la demande qui fait de la segmentation du public une clef de sa conquête et de sa fidélisation. Dès lors, les idéaux d’efficience, de qualité, de satisfaction se font jour dans les enquêtes de public, tout comme dans le service public dans son entier. L’enquête devient alors pour l’Etat un outil pour évaluer ses administrations. Cette transformation apparaît pour beaucoup comme une contrainte. Pourtant, les établissements, de leur propre initiative, s’en emparent. Ils voient à travers elle, une manière de légitimer leurs actions et leurs missions auprès de tutelles qui opèrent de plus en plus des coupes budgétaires. Dans ces enquêtes se multiplie le recours à la figure floue du non-public, tantôt familier, tantôt éloigné de l'univers des bibliothèques. Il témoigne, à la suite d’un sentiment d’échec vis-à-vis de la démocratisation culturelle, d’un pragmatisme parfois timide. Les manières de désigner, catégoriser, d’archétyper le non-public et public sous-entendent une hiérarchisation qui informe sur les représentations du public et de ses pratiques. La confrontation entre un public rêvé et le public constaté par l’enquête invite à un travail de réflexion sur de nouveaux modèles de bibliothèque : idea store, bibliothèque troisième lieu, learning center.