Marie-Emmanuelle Chessel, directrice de recherche au CNRS, spécialiste de l'histoire économique et sociale de la France contemporaine, fait le récit de son parcours professionnel

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12 avril 2019

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Anne-Marie Granet-Abisset et al., « Marie-Emmanuelle Chessel, directrice de recherche au CNRS, spécialiste de l'histoire économique et sociale de la France contemporaine, fait le récit de son parcours professionnel », Ganoub, archives sonores de la recherche, ID : 10670/1.bbrrxq


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Résumé 0

Marie-Emmanuelle Chessel fait des études à Lyon et après une classe préparatoire au lycée Duparc, elle poursuit à l’IEP tout en suivant en parallèle un deug d’histoire par intérêt personnel. À cette période Yves Lequin est impliqué dans un réseau Erasmus européen et, lors de sa licence, elle se passionne pour l’enseignement d’Heinz-Gerhard Haupt invité dans ce cadre. Elle va préparer son master sous la direction d’Yves Lequin à l’Institut de Florence dans un environnement international pluridisciplinaire très stimulant. Elle y obtient un financement pour un doctorat et choisit de prendre en compte l’histoire sociale, économique mais aussi l’histoire de l’art (avec une incursion sur l’exposition universelle de 1937 et son pavillon de la publicité) pour un sujet sous le titre « L'émergence de la publicité : publicitaires, annonceurs et affichistes dans la France de l'entre-deux-guerres ». Elle soutient à Florence en janvier 1996, sous la co-tutelle de Heinz-Gerhard Haupt et Yves Lequin, et lors du déjeuner, son jury lui conseille de passer le concours au CNRS dont elle ignore tout. Elle monte un dossier sans grand espoir mais lors de sa deuxième candidature, des postes sont ajoutés au concours alors qu’elle est sur liste complémentaire. Le hasard est heureux et elle entre au CNRS en 1998. Auparavant, sans certitude pour un emploi et alors qu’elle suivait les séminaires de Patrick Fridenson (qui était dans son jury de thèse), ce dernier lui a proposé de travailler au secrétariat de rédaction de la revue Revue française de gestion, revue de la FNEGE, Fondation nationale pour l'enseignement de la gestion des entreprises. La fondation cherche également un ou une historien·ne pour la commémoration de leurs 30 ans. Elle se lance dans cette histoire et dans la consultation de leur archives, en découvre également d’autres dont celles de Michel Debré. Lorsqu’elle entre au CNRS en février 1998, son projet porte sur l’histoire de la consommation. Elle va toutefois prendre le temps de terminer sa recherche à la FNEGE. Affectée au centre Pierre Léon à Lyon, elle y reste 5 ans durant lesquels elle va d’abord chercher de préciser son sujet sur la consommation en dépouillant des périodiques pour trouver les entrées qui lui semblent pertinentes autour des associations de consommateur. Elle partage un bureau avec Bruno Dumons, une rencontre essentielle qui va l’orienter vers l’histoire religieuse et elle va trouver le fonds d’archives à l’origine de son HDR aux archives nationales. Dans les papiers privés du géographe Jean Brunhes, les archives « Jean et Henriette Brunhes » racontent en 20 cartons une histoire de la « Ligue sociale d’acheteurs » chrétienne au tout début du 20ème siècle qui la mèneront vers une histoire des rapports entre consommation et politique et l’histoire de la consommation engagée. Elle ajoutera des fonds d’archives municipales de différentes villes de France. Pour mieux comprendre les origines de cette ligue qui s’appuie sur un modèle américain protestant, elle effectue un séjour de 6 mois aux États-Unis en 2003 où elle investit l’histoire des femmes et du genre, elle rencontre des chercheures sur la question comme Sheryl T Kroen. À son retour, elle intègre le Centre de recherche en histoire (CRH) à l’EHESS Paris et organise un grand colloque sous le titre « Au nom du consommateur » qui propose vision politique et culturelle du consommateur et va être suivi de deux publications. Dès 2006 elle organise avec Laura Lee Downs, un séminaire sur « Le genre de la réforme sociale » au sein duquel elle partage ses premiers chapitres de son mémoire inédit de HDR. Elle développe particulièrement la nécessité pour l’écriture scientifique se nourrir des travaux du collectif, qu’il s’agisse d’échanges dans les séminaires, les colloques ou au sein de groupes, comme celui d’ « Esope » animé par Paul André Rosenthal auquel elle a participé. Toutefois elle retient que son congé maternité a été une période centrale pour sa rédaction finale en lui permettant de « mettre l’accélérateur » sur sa rédaction et de terminer son texte inédit qu’elle soutient en 2009. Elle se souvient d’un moment difficile lors de son séjour aux États-Unis où elle se demandait à propos de l’HDR « Comment on fait pour faire un livre d’une autre nature ? ». Finalement l’exercice s’est avéré positif, elle considère qu’il s’est agi d’insérer son travail dans un contexte alors que la rédaction de la thèse reste beaucoup plus solitaire. Elle l’a pris comme une opportunité d’écrire quelque chose « à soi » et ne s’est pas restreinte en termes de taille. Elle a enregistré sa soutenance d’HDR et l’a réécoutée à plusieurs reprise pour sa publication. Son mémoire de synthèse a été rédigé rapidement et tout à fait à la fin mais il ne correspond pas à un mémoire d’égo-histoire. Son garant Patrick Frigenson l’a laissée libre de son texte et elle décidé de rédiger une historiographie de la consommation qui est désormais devenu un « Repères » (éditions La Découverte). Il s’agissait pour elle de clore le cercle « histoire de la consommation » pour lequel elle avait été embauchée au CNRS. Après son HDR elle investit à un nouveau champ celui du lien entre religion et économie en menant un projet autour des patrons chrétiens. Dans ce cadre, elle réalise des entretiens et consulte également les archives de l’association des Entrepreneurs et dirigeants chrétiens dont elle obtient le classement et versement aux archives nationales mais aussi d’autres archives, en particulier les papiers d’Yvon Chotard ou plusieurs archives diocésaines en France. Elle change également de laboratoire et intègre le Centre de sociologie des organisations de Sciences-Po Paris, où elle est la seule historienne avec Claire Lemercier. Depuis cette HDR elle se consacre plus à la transmission en encadrant des thèses, éventuellement en co-tutelle avec des sociologues, ou d’autres disciplines ; elle enseigne auprès des master de sociologie sur la méthode en particulier l’usage des sources écrites ; elle, enseigne au sein du mater d’histoire de Science Po avec une collègue sociologue sur l’histoire des enquêtes sociales. Pour elle il est essentiel de se renouveler, de ne pas rester l’experte d’un domaine, elle apprécie cette liberté que lui donne son statut de chercheure au CNRS et insiste son intérêt pour le travail « besogneux » sur les archives. Elle revient sur l’héritage familial, évoqué rapidement en début d’entretien : née à Lyon elle a vécu en Algérie les quatre premières années de sa vie où son père, coopérant, était enseignant en biométrie puis à Vaulx-en-Velin puis dans une zone rurale au moment de son adolescence, ses parents lui ont inculqué l’autonomie en lui faisant confiance mais aussi cet intérêt pour le changement et l’observation des nouvelles situations qui la pousse à aller de l’avant. Elle est heureuse de son travail d’historienne, même si elle considère qu’il dû au hasard et qu’elle aurait pu s’investir dans tout autre chose. L’édition lui semble une professions des possibles, car elle affectionne le travail collectif ; elle vient, avec beaucoup de plaisir, d’intégrer le comité de rédaction de la revue Le mouvement social.

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