2010
Cairn
Joëlle Nouhet-Roseman, « Maji maji, regard sur les onomatopées », Cliniques méditerranéennes, ID : 10670/1.beksg8
À partir d’une recherche sur les mangas, cet article repère différentes catégories d’onomatopées – omniprésentes dans la langue japonaise parlée et écrite, familière et littéraire – et des particularités de la langue japonaise. Il illustre la relation entre langage et sensation. Des bruits liquides de l’érotisme oral au son du silence « total », les onomatopées offrent un support privilégié aux pulsions, au plus près du corps. L’analogie entre les onomatopées et certains éléments du rêve et des formations de l’inconscient est examinée. L’onomatopée convoque en nous des zones archaïques où les sensations ne sont plus distinguées des perceptions. Elle est une manifestation langagière des processus primaires et de la prégnance du sexuel infantile. Dans les mangas, la relation est forte entre l’esthétique même du signe graphique, sa perception, et la sensation que véhicule l’onomatopée. Présence du corps dans le langage parlé et écrit au Japon, les onomatopées traduisent des perceptions corporelles et des bruissements d’organes, illustrent le rapport entre la pulsion et le langage et sont une forme de symbolisation.